Journée des droits de la Femme 2020 – Témoignage de nos sportives

Ce dimanche 8 mars était célébré la journée internationale des droits des Femmes avec pour thème en 2020 « Je suis Génération Egalité ». L’occasion de laisser la parole à quelques sportives de la Team Michelin. Témoignage de leur quotidien de sportive et de femme.

Justine Tonso, ski alpinisme et VTT XCO

Equipe de France de ski alpinisme

4 fois championne du monde
2 fois championne d’Europe
1 ère à la coupe du monde junior 2018
15 fois championne de France

Equipe de France vtt xco

Championne de France 2015
1^ère à la coupe de France 2016
Podiums internationaux

Je fais environ 5 à 6 entraînements par semaine.

En tant que femme on doit aussi prendre en compte nos règles. C’est un facteur qui peut vraiment influencer nos performances et notre entraînement. Mes entraîneurs sont majoritairement des hommes. Ils ne comprennent pas forcément.

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

Des inégalités j’en ai surtout constaté quand j’étais plus jeune. Un jour sur un podium, je gagne une paire de chaussures. Vient le podium des garçons de ma catégorie, ils gagnent une paire de ski ! Ce jour-là, j’ai vraiment senti le manque de reconnaissance envers les jeunes filles.

Cependant, sur le circuit international je suis fière aujourd’hui, de voir que les femmes et les hommes ont les mêmes price money. Au niveau de la médiatisation aussi je trouve qu’il y a vraiment du mieux. Les femmes sont mieux représentées qu’auparavant.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

Passer au-delà du sentiment d’inégalité n’est pas chose facile. Cependant je sais que ce sentiment m’a donné une rage de vaincre supplémentaire, afin de prouver que nos performances sont toutes aussi belles et incroyables que celles des hommes.

Margaux Gimalac, escrime

Championne de France junior en individuel et en équipe

3 fois championne de France senior par équipe
Vice-championne d’Europe par équipe
Vice-championne du monde junior par équipe

Je pratique l’escrime depuis 12 ans et plus particulièrement le sabre. Je m’entraine depuis 5 ans maintenant à l’INSEP (Institut National du Sport de l’Expertise et de la Performance). Les entrainements ont lieu deux fois par jour : un le matin et un l’après-midi soit environ 20h par semaine.

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

L’escrime est un sport où il y a peu de différences entre les hommes et les femmes que ce soit au niveau de la médiatisation, des revenus, …

C’est un sport qui est encore amateur et c’est principalement la fédération et le ministère des sports qui trouvent des partenaires aux athlètes en fonction des résultats que ce soit chez les hommes ou les femmes donc les rémunérations et les primes de résultats sont les mêmes. Au niveau de la médiatisation c’est assez similaire également.

Le seul point noir à ce niveau se trouve au niveau de l’arbitrage où l’on attribue très souvent les meilleurs arbitres aux matchs masculins sous prétexte que « c’est plus dur à arbitrer » que les matchs féminins. Ce qui fait que régulièrement la formation des arbitres se fait lors de tournois féminin et lorsque les arbitres deviennent aguerris ils passent chez les hommes.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

L’arbitre fait partie intégrante d’un match d’escrime et étant donné ce que c’est un sport soumis à interprétation cela fait partie du jeu. On a donc l’habitude de gérer ce facteur extérieur. Bien sûr que cela est frustrant de perdre un match sur une touche litigieuse ou une inversion mais je dirai que nous nous y sommes habitués.

Léa Brun, judo

Championnats de France cadets, juniors et seniors
Championnats de France 1ère division
7eme des championnats de France seniors 2eme division
5eme des championnats de France universitaire
Participation aux championnats d’Europe Universitaire

Je pratique le judo depuis maintenant 17 ans. J’ai toujours adhéré à cette pratique et à ses valeurs. Aujourd’hui je m’entraîne entre 10 et 14h par semaine entre Paris et Clermont.
Je suis fière de mon parcours et souhaite continuer à tout mettre en œuvre pour monter sur la plus haute marche du podium.

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

Quelques inégalités ont été supprimées, telles que le temps de combats qui est devenu égale chez les hommes et chez les femmes.

Concernant la médiatisation, des inégalités persistent. L’équipe de France masculine est très mise en avant notamment avec Teddy Riner. Beaucoup de personnes connaissent le judo seulement grâce à la médiatisation de ce dernier. Pourtant l’équipe de France féminine excelle à l’internationale et ramène à la France plus de médailles que l’équipe de France masculine. Malheureusement, nous entendons très peu parler de cela.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

Je pense qu’aujourd’hui, la société fait en sorte de diminuer au maximum ces inégalités. En tant que sportive le plus important est de rester concentrée sur sa pratique sportive pour s’améliorer sans cesse. Le tout sans se laisser distraire par des facteurs externes.

Célia Martinez, ski de vitesse

Équipe de France de ski de vitesse depuis 2008
23 podiums en coupe du monde et 1 victoire
3eme de la coupe du monde 2016 et 2019
2eme des coupes du monde 2017 et 2018

Je fais du ski de vitesse (kilomètre lancé). C’est une discipline du ski alpin où le but est d’aller le plus vite possible. Je m’entraîne 6 fois par semaine. L’été beaucoup de course à pied (70km/semaine) et de préparation physique (musculation, proprioception, …) et l’hiver un peu moins de course à pied pour beaucoup de ski à la place.

Mon record personnel est 233.01km/h (7ème performance mondiale).

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

Il n’y a pas d’inégalité dans mon sport. Nous prenons les mêmes départs avec les mêmes risques. Cependant, les performances féminines sont moins médiatisées que chez les hommes.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

Je m’épanouis dans mon sport justement car nous pouvons courir avec les hommes, comparer nos vitesses avec les leurs.

Les classements sont séparés. Les femmes sont moins nombreuses que les hommes mais les épreuves de ski de vitesse sont exactement les mêmes. C’est ce que j’aime.

Lucie Baudu, canoë-kayak

Membre de l’équipe de France Senior depuis 2014
Médaille d’argent en coupe du monde en 2018
Championne du monde par équipe en 2018
Championne d’Europe par équipe en 2019
4ème du classement coupe du monde 2019
Championne de France Elite 2018 et 2019

Le canoë-kayak slalom se pratique sur un bassin d’eau vive (naturel ou artificiel). L’objectif est de réaliser le plus vite possible un parcours comprenant une vingtaine de portes numérotées. Les portes vertes sont à descendre dans le sens du courant, les portes rouges sont à remonter dans le sens inverse du courant.

Il y a 2 disciplines : le canoë qui se pratique à genou avec une pagaie simple, le kayak qui se pratique assis avec une pagaie double.

Je pratique depuis l’âge de 9 ans. Je m’entraine en moyenne 2 fois par jour, 7 jours sur 7 (kayak, canoë, mais aussi musculation, vélo, course à pied, squash…).

Je prépare actuellement la sélection Olympique pour les Jeux de Tokyo en kayak et en canoë puisque je pratique les 2 disciplines.

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

Je constate quelques inégalités hommes/femmes dans mon sport même si ces inégalités tendent à se réduire au fil des années.

Par exemple, jusqu’en 2016, les épreuves Olympiques étaient : Kayak Homme, Canoë Homme, Canoë biplace Homme, Kayak Dame soit 3 embarcations masculines pour 1 seule féminine.

Pour répondre à la demande de parité, la fédération internationale a supprimé le canoë biplace homme au profit du canoë monoplace dame qui fera son entrée pour les Jeux de Tokyo.

Le canoë dame a fait ses débuts sur le circuit national et international aux alentours de 2008/2009. En tant que nouvelle catégorie, le niveau des nouvelles pratiquantes était au début assez faible et il n’était pas rare d’entendre des critiques, moqueries, blagues ou propos déplacés de la part de nombreux pratiquants et pratiquantes.

Au fil des années, le niveau a considérablement augmenté dans cette catégorie et les meilleures mondiales de la discipline sont maintenant au plus proche du niveau technique de leurs homologues masculins. Les blagues sont donc moins courantes, même s’il n’est pas rare d’entendre quelques moqueries de temps à autres.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

Pour ma part, je me suis mise au canoë en 2013. J’ai parfois eu quelques remarques, jamais vraiment méchantes, plutôt sur le ton de la rigolade. J’ai su faire abstraction de ce genre de moqueries.

J’ai aimé le défi que représentait le fait de s’essayer à une nouvelle discipline, de progresser et d’apprendre de nouvelles choses. J’ai également aimé le fait de pratiquer les 2 disciplines (kayak et canoë). Cela représente un véritable défi puisque sur une compétition, cela double le nombre de manches à réaliser, physiquement, c’est très éprouvant d’enchainer les 2 disciplines. Par exemple, lors des sélections Olympiques, j’aurais 4 manches par jour, soit 8 dans le week-end quand d’autres n’en auront que 2 par jour. C’est un défi qui me motive et qui motive de nombreuses autres filles à l’international. En revanche, les hommes sont très peu à doubler dans les 2 catégories.

Alice Tubello, tennis

Classée 496eme joueuse mondiale à la WTA
Double championne de France en 2018 juniors 17/18 ans
Double championne de France en 2018 séniors 2ème série

Je pratique le tennis. Je joue sur le circuit professionnel depuis maintenant 2 ans. Je m’entraine au sein de l’ASM tennis environs 5h par jour entre le tennis et la préparation physique à cela s’ajoute les séances quotidiennes de kiné et les cours scolaires. Ma saison est partagée entre entraînements et compétitions à l’étranger qui représentent 25 semaines par an.

Est-ce que tu constates des inégalités entre les hommes et les femmes dans ta pratique sportive ?

Oui il y a des différences de rémunération dans le tennis au niveau des price money surtout sur le circuit français. Cela est dû à la plus grosse attractivité pour le tennis masculin. Les médias couvrent plus les garçons que les filles ce qui permet aux gommes de décrocher de plus gros contrats par les marques.

Comment es-tu passé au-delà de ces inégalités et que tu t’épanouies dans ton sport ?

J’ai choisi de faire de ma passion mon métier car avant tout j’aime ce sport. Aujourd’hui c’est un challenge au quotidien qui me permet d’avancer et me fait grandir. J’aime prouver aux gens qui me voient jouer que ce sport est tout aussi intéressant chez les hommes ou chez les femmes grâce à la diversité des jeux et des qualités physiques.